À l’heure où cet article est publié, la liste des espèces nuisibles est en cours de révision.
Tous les 3 ans, cette liste fixée par un arrêté ministériel permet de déterminer quels animaux peuvent faire l’objet d’une chasse sans merci.
Aussi appelés ESOD acronyme d’Espèces Susceptibles d’Occasionner des Dégâts, rats, fouines, pies ou renards seront sûrement sur la liste officielle qui paraîtra en juillet 2023.
Mais qu’en est-il vraiment : la belette ou la corneille sont-elles vraiment nuisibles ? Qu’en pensent les vegans antispécistes ?
Dans cet article abordons un sujet sensible : les animaux nuisibles, vraiment inutiles ? Rats, fouines, pies tentons de mieux comprendre qui sont ces animaux méprisés et trop souvent rejetés par la société.
Aujourd’hui, une espèce est inscrite sur la liste des « ESOD » lorsqu’elle porte atteinte « à la santé et à la sécurité publiques, à la protection de la flore et de la faune ou aux activités agricoles, forestières, aquacoles, et à d’autres formes de propriété »1.
Il existe 3 types de groupes :
En 2023, parmi les espèces jugées envahissantes sur tout le territoire, on retrouve par exemple :
Et parmi les espèces locales classées nuisibles dans certains départements, pour une durée supérieure à 3 ans on retrouve par exemple :
Mise au point : j’utilise le terme de « nuisible » dans cet article bien qu’il ne soit plus usité parce qu’à mon sens, le terme d’ESOD cache la réalité. En effet, « ESOD » ou « nuisibles » au fond, on parle bien d’animaux qui peuvent être chassés et tués impunément par l’humain parce que considérés comme « inutiles » voire « mauvais ».
Cette considération légale implique que ces espèces inscrites dans la liste peuvent être chassées toute l’année et ce sans quota. À l’aide d’une simple autorisation individuelle, quiconque le souhaite peut donc tuer ces êtres sentients. Rien de plus simple pour obtenir ce papier, il suffit d’aller sur le site du gouvernement et de pré-remplir la demande dématérialisée2.
Il est donc simple et facile d’obtenir cette attestation qui permet légalement d’éradiquer pies, geais ou renards sans limite.
Les critères qui permettent de classer une espèce dans la liste sont essentiellement des critères de nuisances à l’activité humaine (agriculture, notamment) et plus rarement d’impact sur la biodiversité.
La belette par exemple, est considérée comme telle parce qu’elle peut engendrer de potentiels dommages dans les combles d’une maison, dans les poulaillers ou dans les jardins. La classification est donc pensée d’un point de vue anthropocentré donc spéciste...
De nombreuses associations tentent de faire reconnaître que les ESOD ne sont pas si dérangeants, inutiles et néfastes qu’on le prétend. La SFEPM (Société Française pour l’Étude et la Protection des Mammifères) se bat pour sortir de cette liste noire bon nombre d’animaux… Car en effet, même s’ils impactent parfois les activités humaines, ces êtres sont sont en réalité bénéfiques à bien des égards pour la biodiversité. Voici quelques exemples :
Les carnivores nous rendent service sans qu’on s’en rende compte... Ils mangent des rongeurs qui perturbent des cultures. De plus, certains jouent un rôle de nettoyeur en consommant des carcasses. Belettes, fouines, renards, martres régulent donc les écosystèmes par leur rôle sanitaire (en empêchant les restes d’animaux morts de propager des agents pathogènes) ; et par leur rôle de carnassiers.
Fun fact étonnant : à Paris, les rats d’égout se nourrissent de restes. Chaque année c’est près de 300 000 tonnes de détritus qui sont donc ingérés part ces rongeurs3. Un chiffre bien loin d’être négligeable ! Les rats sont littéralement les nettoyeurs de la capitale… !
La corneille noire ou le corbeau freux - souvent piégés dans les jardins par d’horribles procédés, donnent pourtant un sérieux coup de main aux agriculteurs/trices… Adeptes d’insectes, de larves ou de vers qui s’attaquent aux cultures, ils contribuent à protéger indirectement nos ressources agricoles4.
Comme le dit Peter Singer auteur de Libération animale, la vision de l’humain est anthropocentrée. Il part de lui, pense à partir de ses besoins et se considère comme étant au sommet de l’évolution. Il se croit donc supérieur aux autres animaux. Par conséquent, s’il considère qu’une espèce le désavantage, ne lui rend pas service ou ne lui sert pas, il aura tendance à l’éliminer.
Or, quel autre animal que l’humain se permettrait de considérer que telle ou telle espèce est plus ou moins nuisible qu’une autre ? Sommes-nous réellement supérieurs aux autres animaux ?
Certes nous savons des choses, mais nous ignorons encore bien trop du monde vivant pour trancher avec impartialité sur la ''nocivité'' d’une espèce, non ?
Pour preuve, jusqu’à récemment, le renard considéré comme une ESOD a fait l’objet d’une étude scientifique très sérieuse5. Celle-ci a montré qu’il réduisait efficacement le risque d’infection par les tiques chez l’humain (maladie de Lyme). Cela ne devrait-il pas nous permettre de reconsidérer son statut ?
Aujourd’hui, seule 5 % de la surface terrestre du globe reste inaltérée6. Autrement dit, c’est plus de 95% de la surface de la Terre qui a été colonisée par l’humain. Que reste-t-il aux autres êtres vivants ?
Comme j’en parle dans cet article « Comment réduire l’empreinte carbone ? », l’impact de l’humain sur la terre est loin d’être négligeable. Nous pillions les forêts, nous détruisons la biodiversité et raréfions ce que la nature nous offre de plus précieux (l’eau, le sable, les animaux…)7.
Sans compter que nos modes d’alimentation sont extrêmement néfastes... Pour en savoir plus, tu peux lire cet article.
En fin de compte nous pourrions utiliser l’argument qui permet de caractériser une ESOD contre l’espèce humaine elle-même… ! En effet, elle correspond aux critères : une espèce est dérangeante lorsqu’elle porte atteinte « à la santé et à la sécurité publiques, à la protection de la flore et de la faune ou aux activités agricoles, forestières, aquacoles, et à d’autres formes de propriété ». Ça fait réfléchir, non ?
Nous voici à la fin de cet article « Animaux nuisibles, vraiment inutiles ? Rats, fouines, pies mise au clair ». J’espère qu’il t’a plu ! Si c’est le cas, n’hésite pas à le partager à tes proches ou à tes ami·es (par lien insta ou FB). C’est un petit geste qui compte beaucoup pour moi car il permet de diffuser l’alimentation végétale et le mode de vie vegan à plus de monde.
Merci de ton aide, merci de ta lecture et à très vite sur la Vegranola Academy !
2 https://www.oise.gouv.fr/Actions-de-l-Etat/Environnement/La-chasse-et-la-faune-sauvage/Formulaires
3 https://education.l214.com/actualites-2019-12-08-animal-nuisible-animaux-nuisibles-degats-rat-pigeon
5 https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rspb.2017.0453
7 https://www.greenpeace.fr/urgence-pour-la-biodiversite-et-le-climat/