Zoom sur la viande heureuse : mythe ou réalité ? Abattoir mobile et élevage en détails

Ces dernières années, que ce soit dans les médias, les livres ou les débats, on entend parfois dire que les animaux nous feraient don de leur vie. Mais qu’est-ce à dire ? Cochons, vaches et poules sont-ils heureux de se donner en pâté ? 

Si certains parlent aujourd’hui de viande éthique pour désigner un animal élevé et abattu sans souffrance, d’autres emploient même le terme « heureuse ». Mais est-ce judicieux ? 

Plus sérieusement, le sujet est épieux. Il touche à l’éthique, à la politique et au Droit. Il nous questionne jusque dans nos entrailles : est-il possible d’élever et de tuer éthiquement un animal pour la consommation humaine ?  

Alors c’est parti, zoom sur la viande heureuse : mythe ou réalité ? Abattoir mobile et élevage passés au crible fin, c’est ce que je te propose d’aborder. 


Conditions d’élevage et d’abattage en détails : y a-t-il une éthique animale ? 

Plusieurs critères définissent ce qu’est une viande « éthique ». Parmi la liste, on trouve essentiellement l’élevage biologique et la mise à mort sans souffrance. Néanmoins, ces critères ne sont pas immuables. Ils ne relèvent en effet d’aucune mesure gouvernementale qui définiraient explicitement ce que l’on peut qualifier de steak « éthique » ou non sur le marché français.

Dès lors, un animal élevé et abattu avec éthique, à quoi cela ressemble-t-il potentiellement ? 

  • Il est élevé dans une ferme au savoir-faire préservé. Il est donc aimé et bien traité par les éleveurs/euses

  • Il mange à sa faim, il a assez d’espace pour courir et gambader dans les prés 

  • Il ne souffre pas, n’a pas été torturé ou mutilé 

  • Le transport vers l’abattoir est court et ne génère aucun stress pour l’animal 

  • Avant abattage il est étourdi sans souffrance et reste inconscient lors de la mise à mort

  • Sa chair est vendue en local, circuit-court pour une faible empreinte carbone  

Telles sont les conditions idylliques d’élevage et d’abattage d’un porc, d’une vache ou d’une brebis destinés à la consommation humaine. Or, la réalité nous rattrape vite. Avec plus de 64 millions de français·es métropolitain·es à nourrir chaque jour, la cadence doit être rapide et efficace. Peut-on cocher tous les critères évoqués ci-dessus lorsque tant de personnes désirent se nourrir de chair animale ?

Réalité du terrain : mise à mort sanglante, stress et douleur 

Avec 3 millions d’animaux exécutés chaque jour dans les abattoirs, il est impossible d’abattre  avec « respect », « dignité » et « sans souffrance »… comme le prétendent les gérant·es de ces lieux et le Gouvernement.

Les études et enquêtes de l’association de protection des animaux L214 le démontrent. Avec ou sans étourdissement, il est quasi impossible d’éviter la souffrance du porc ou du boeuf parce que la cadence est trop importante et le personnel, manquant. Ces dernières années, 80% des chaînes d’abattage inspectées présentent, d’après le ministère de l’agriculture, des anomalies de non-conformités des protocoles liés à la mise à mort.

Étourdissement et violence non-intentionnelle des animaux d’élevage  

C’est en 1964 que la réglementation en matière d’élevage impose l’inconscience des animaux au moment de la saignée (sauf dérogation pour les pratiques rituelles et religieuses). Mais cet étourdissement est souvent mal réalisé, à cause d’un matériel défectueux ou du personnel insuffisamment formé. Pour résumer : les animaux souffrent et ce n’est pas discutable, démontrent les présidentes d’associations de défense des animaux comme Brigitte Gothière pour L214 ou Ingrid Newkirk pour Peta. 

Mise à mort et abattoirs mobiles par Émilie Jeannin

Connais-tu les « couloirs de la mort », ces espaces où le bétail est contraint de se rendre pour l’étourdissement préalable à la saignée ? Considérant ces couloirs comme de véritables obstacles à la viande heureuse, des ingénieurs ont décidé d’inventer les abattoirs mobiles. Le principe ? Des semi-remorques vont de ferme en ferme pour exécuter le bétail sur place. On évite ainsi le couloir de la mort qui stresse les animaux et les décharges à coup d’aiguillons électriques qui les rigidifie. Conçu et financé en 2020, ce projet mené par Émilie Jeannin pose malgré tout question. Élever un être sentient pour le tuer, est-ce légitime, quand bien même un maximum de souffrance est évitée ? L’abattoir mobile, est-ce plus écologique et plus éthique

Nommée le « boeuf éthique », l’entreprise des abattoirs mobiles d’Émilie Jeannin apparaît comme le paroxysme de la viande heureuse à mon sens. Je t’explique pourquoi tout de suite. 

Bio, locale et issue du petit producteur : ça change quoi pour la viande heureuse ?  

C’est un argument qui revient souvent : « moi, j’achète de la viande de mon éleveur du coin, bio et locale, elle a très bien été traitée c’est certain. » 

Peut-être doit-on rappeler les chiffres : plus de 8 animaux sur 10 proviennent d’élevages intensifs. Et aujourd’hui en France, il existe 170 000 élevages et 960 abattoirs. Que la vache soit élevée en plein air ou dans un enclos, la destination finale est la même : l’abattoir dans l’immense majorité des cas. 

Dès lors, quoi qu’en dise Jocelyne Porcher ou Émilie Jeannin qui prônent une viande heureuse, non il n’est pas possible de tuer avec éthique et dignité lorsque nous sommes 7,5 milliards d’êtres humains sur Terre.

 Mais la viande de synthèse, c’est vegan et éthique, non ?

L’agriculture cellulaire voit le jour. Certain·es chercheurs/euses tentent de produire de la viande de synthèse à partir de cellules animales mais produites en dehors de lui. 

Encore à l’essai, il semble néanmoins que ce processus industriel soit coûteux pour l’environnement.

Le véganisme étant un mode de vie écologique et d’alimentation qui refuse toute exploitation animale quelle qu’elle soit, la viande de synthèse apparait y faire défaut. Elle utiliserait en effet des cellules mères obtenues en tuant l’animal. Mais je ne rentrerai pas dans ce débat aujourd’hui, et ce d’autant plus lorsqu’on sait qu’en 2022, les protéines végétales offrent déjà d’étonnantes alternatives à la viande. 

Alors, la viande heureuse, meat synthétique ou réalité ?!

Science et bon sens : l’animal, un être sentient  

Est sentient d’après le Larousse « un être vivant, [doté de la] capacité à ressentir les émotions, la douleur, le bien-être, etc. et à percevoir de façon subjective son environnement et ses expériences de vie. » Autrement dit, au-delà des conditions d’élevage et d’abattage de la viande heureuse, un autre versant de l’éthique se dévoile. 

Les animaux n’ont-ils pas envie de vivre, comme nous ? Ne sont-ils pas doués d’émotions, comme nous ? Tuer éthiquement, n’est-ce pas un oxymore utopiste, comme le souligne Brigitte Gothière co-fondatrice de L214 ?

De nombreux ethologues qui étudient les poules, les lapins et d’autres êtres sentients démontrent scientifiquement que ces animaux ont envie de vivre. Ils possèdent pour certains une individualité propre et une conscience indéniable.  

Dès lors, peut-on continuer de manger de la viande ? Peut-on continuer de de croire en une viande heureuse, sachant que l’être abattu voulait vivre ? Peut-on espérer que dans le couloir de la mort ou l’abattoir mobile, l’animal ne se doute pas qu’il va décéder avec souffrance

Voici un document très parlant sur l’âge des animaux avant leur mort. Il démontre à quel point ces êtres sentients - donc sensibles, sont réifiés et instrumentés au profit de nos seules papilles gustatives : 

Alors, d’après-toi, peut-on aimer un animal et le manger ? Produire une viande sans souffrance, c’est finalement possible ? S’il te reste des questions ou des objections en tête, c’est plutôt normal. Le sujet est vaste. Mon but avec cet article, c’était d’effleurer le sujet pour donner à penser. 

Si cet article sur la viande heureuse : mythe ou réalité ? Abattoir mobile et élevage t’a plu ? N’hésite pas à le partager à tes proches ou tes ami·es pour en discuter. 

Pour aller plus loin, tu trouveras les sources de l’article juste en dessous ! 

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À la lecture de cet article, tu as des questions ou l’envie de me partager tes propres astuces ? Je t’attends sur mes réseaux ! 

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