Écoféminisme : pourquoi un monde d’égalité est-il vegan ?
Connais-tu ou as-tu déjà entendu parler de l’ONAV ? Cette association à but non lucratif est une vraie mine d’or d’informations pour toutes les personnes véganes, végétariennes et végétaliennes.
Que tu cherches simplement à réduire ta consommation de viande ou que tu sois tourné vers le végétal, cette association est là pour t’aider dans ta transition ! Génial, non ?
L’Observatoire National de l’Alimentation Végétale - encore peu connue du grand public, mérite une plus grande visibilité, d’où cet article pour t’en parler.
Alors hop, allons-y, zoom sur l’écoféminisme : pourquoi un monde d’égalité humains-animaux est-il vegan ?
L’écoféminisme, c’est quoi ?
L’écoféminisme est un mouvement à la croisée des chemins entre féminisme, écologie et politique. Mais ce n’est ni l’addition du féminisme et de l’écologisme, ni un nouveau mouvement à la mode. Développé, pratiqué et théorisé dans les années 1970, il est avant tout constitué par une ébullition d’idées, de liens et de conjectures pour repenser les manières d’habiter la terre et de concevoir nos rapports inter-espèces et entre les genres.
Ce mouvement fait le lien entre tous ces sujets de trois façons, selon la chercheuse et philosophe Jeanne Burgart Goutal (voir ci-dessous).
1. Injustice environnementale et injustice sociale, le même problème
Il existe aujourd’hui des inégalités sociales et environnementales entre les sexes. De manière globale, les femmes sont beaucoup plus impactées par la crise climatique que les hommes. Pourquoi ? Parce que la plupart du temps, elles ont une possibilité d’ascension sociale moins élevée, des revenus plus faibles et une situation familiale et géographique moins favorables. Lors des catastrophes naturelles, elles ont par exemple un taux de surmortalité 5 fois plus élevé que les hommes.
Qui dit donc injustices environnementales, problèmes écologiques et dérèglement climatique dit aussi inégalités sexistes, raciales et de genres.
2. L’exploitation de la nature s’appuie sur l’exploitation des femmes en tant que productrices
De tout temps, l’exploitation de la nature s’est faite en corroboration de l’exploitation de la force de travail humaine et plus particulièrement féminine. Aujourd’hui dans de nombreuses parties du monde, se sont les femmes qui sont chargées de l’agriculture, de la survie alimentaire et de la protection et de la gestion de l’environnement. Que ce soit des collectifs comme celui des Mujeres Amazónica Defensoras ou le Club des femmes de la mer Noire de 2007, tous agissent pour réhabiliter droits de la nature et droits des femmes. Car en réalité, le système capitaliste mondial sur lequel nous fonctionnons s’appuie principalement sur le travail de croissance et d’auto-régénération de la nature et le travail domestique et parental assigné aux femmes. Sans elles et sans la terre, le capitalisme s’effondre : l’exploitation de la femme et du vivant trouve donc sa source dans les mêmes racines phallocratiques.
3. Dans l’imaginaire collectif, femme et terre sont liées, on exploite la femme comme on exploite la terre
Le paroxysme patriarcal de la science a sans doute été atteint par le philosophe et scientifique Francis Bacon qui, au début du XVIIe siècle, appelle les hommes à conquérir la Terre comme le ventre d’une femme. Il écrivait en effet : « La nature est une femme publique. Nous devons la mater, pénétrer ses secrets et l’enchaîner selon nos désirs. » Dans l’imaginaire occidental moderne, féminité et terre ont été associées symboliquement. Ne dit-on pas le « ventre de la Terre » ou la « Terre-Mère » ? La femme est rapprochée de la lune, aux émotions, aux animaux tandis que l’homme lui, incarne la force et la raison. Vaincre sa part animale et « devenir un homme » implique de maîtriser l’animal et, indirectement, la femme.
Mais les femmes, l’écologie et le véganisme : quels liens concrets ?
Souvent, on associe régime carné et virilité, carence et régime non-carné. L’un et l’autre sont indissociables : pour être en bonne santé, pour avoir du muscle et de la force, il faut manger de la viande ! Combien de fois n’a-t-on pas entendu le fameux « les (vrais) hommes ça mange de la viande, un point c’est tout ! » ?
Dans notre imaginaire, la consommation de chair animale a donc été associée à la virilité. Une femme mange ‘‘naturellement’’ plus de légumes et de fruits qu’un homme car elle a moins besoin de protéines et est « plus sensible ». On range donc femme et animal du même côté. Plaçant par là même l’homme au sommet.
Le fait de consommer l’animal est associé à la force, à la maîtrise des corps et du vivant. Indirectement, cela a donc un impact sur les relations entre les hommes et les femmes puisque ces dernières sont placées dans une position d’infériorité, comme les animaux.
Spécisme et sexisme dans la pub : quand les femmes et les animaux sont assimilés
À de nombreuses reprises, que ce soit à la télévision, dans les médias mainstream ou dans notre langage, femme et animalité sont associées. Dans une campagne publicitaire de 2015 par exemple « La brebis c’est tendance » de la marque de laitages « Le Petit Basque », on peut voir une femme et l’animal sur le même plan. La publicité véhicule ainsi l’idée que, « consommables » les deux sont « tendance » et au « goût » du jour. Réifiées pour vendre du lait, la femme (Julie) et la brebis (Barbie) sont en fait affichées comme des « produits » à consommer.
D’autres exemples publicitaires auraient pu être pris. Ils sont tellement nombreux qu’on n’y fait plus attention. Violence sexistes et violences animales sont trop souvent liées, telle est la thèse défendue par l’écoféminisme.
Dès lors, devenir vegan, est-ce la solution pour un monde plus juste et plus égalitaire ? Que gagne-t-on à devenir végétalien ou végétalienne ?
Quand l’écoféminisme est vegan…
Ce mouvement part du principe que tout est lié. Qu’un impact social aura forcément un impact écologique et inversement. Dès lors, contribuer à plus d’égalité entre les genres, les sexes et les peuples aura forcément un impact positif sur l’équilibre de la biodiversité, de la faune et/ou de la flore.
Le véganisme est un mode de vie dans lequel toute exploitation alimentaire ou écologique injuste est combattue. Comme le montrent des mouvements comme l’afro-véganisme par exemple, opter pour une végétalisation de son assiette, c’est lutter activement contre le racisme et le spécisme.
En réalité, véganisme et écoféminisme ont donc le même idéal : permettre la déconstruction du système colonial, patriarcal, genré et capitaliste qui est le nôtre. Ce en vue de plus d’égalité, de justice sociale et d’éthique environnementale pour plus de compassion envers tous les êtres vivants.
En guise de conclusion : peut-on se dire écoféministe si l’on refuse toute exploitation animale ?
Avant toute chose, il convient de rappeler que le point de départ du mouvement, c’est le constat suivant : oppression de la terre, des animaux et des femmes sont liées. Le problème est systémique, les violences systématiques. Pour lutter à la fois contre les violences faites aux femmes, les violences spécistes et les problèmes d’ordre écologiques, le véganisme apparait alors comme un puissant outil du quotidien.
Si ce mode de vie n’est certainement pas la clé à tous ces désordres, il n’en demeure pas moins qu’il a malgré tout le mérite de faire converger au sein d’une même pratique - celle de refuser toute exploitation animale - des problèmes d’ordre urgents, actuels et passionnants.
J’espère que cet article t’a plu et t’aura permis de mieux comprendre ce qu’est à la fois l’écoféminisme et son lien avec le fait d’être végane. À mon sens, comprendre la systémique oppressive, sexiste et aliénante qui entoure l’industrie de la viande c’est nous permettre de mieux agir et de mieux consommer au quotidien. C’est pourquoi j’ai souhaité aborder avec toi le sujet !
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SOURCES - Pour aller plus loin
BURGART GOUTAL, Jeanne. Être écoféministe. Théories et pratiques. Paris : Ed. L’Échappée, 2020, 320p.
DUCRÉTOT Solène & JEHAN Alice. Après la pluie. Horizons écoféministes. Paris : Ed. Tana, 2020, 224p.
BIENAIMÉ, Charlotte, « Un podcast à soi », n° 21 et 22.
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